Retour sur les Majorettes Loubésiennes et leur indissociable fanfare

Retour sur les Majorettes Loubésiennes et leur indissociable fanfare

13 juin 2023 5 Par Reinette

Lancée en 1975 à l’initiative de Mme Pomès, et pour ne pas déroger à la “règle de 2” qui semble régir l’ensemble du tissu associatif sportif à cette époque (2 équipes de rugby, 2 équipes de football…), le groupe se scinde rapidement en deux du fait d’une incompatibilité de direction. Les majorettes bleues deviennent alors le Twirling bâton loubésien (sous la direction de Mme Pomès) tandis que les majorettes rouges deviennent Les majorettes loubésiennes (sous la direction de M. Coustet).


Chez les rouges, les majorettes commencent jeunes : entre 5 et 15 ans. La troupe fonctionne selon des grades (un peu comme à l’armée) et compte notamment une capitaine (Marie-Jeanne Ulrich) et deux lieutenantes. Bien que la discipline ne soit pas militaire, la rigueur est malgré tout de mise. Les chorégraphies sont élaborées par la capitaine et les lieutenantes et dûment répétées pour être parfaites lors des différentes représentations.

Les grandes majorettes ont les cheveux attachés en un chignon impeccable, portent des bas résille, des bottes blanches immaculées et des chapeaux blancs surmontés d’un plumet rouge. Les “minorettes” portent quant à elles des socquettes et des tennis blancs et ont également les cheveux attachés en chignon. Tout le monde connaît ces jeunes filles. Quelle fierté pour les parents de voir défiler leurs enfants et quel ravissement pour les spectateurs de les voir lancer leur bâton avec dextérité ! Elles sont souriantes en costume de parade avec l’indispensable twirling bâton (baguette en métal avec un bout en caoutchouc) leur permettant d’exécuter des circonvolutions artistiques, tout cela au pas cadencé, selon une chorégraphie bien répétée et au son de la fanfare.

Je me souviens que lors des défilés dans la rue, 3 porte-drapeaux ouvraient la route à l’avant du cortège, suivi par la troupe des majorettes puis la fanfare dirigée par un tambour-major. C’était très rare d’en posséder un. Il faisait beaucoup d’effet et recueillait beaucoup d’applaudissements lors de sa prestation. Ce dernier maîtrisait également le twirling bâton et concourait en individuel avec son équipe de majorettes !” Chaque groupe forme sa fanfare : les bleues travaillent avec une partie des musiciens de La Lyre et les rouges avec M. Gouffrand, secondé par M. Uria, lui aussi de la Lyre. À l’époque, presque toutes les fêtes locales sont animées par les majorettes et leur fanfare : les organisateurs paient pour profiter de cette prestation.

 

La Batterie fanfare de la Lyre – © Archives Journal Municipal

Le soir, avant et après le tirage du feu d’artifice, les majorettes se servaient de bâtons lumineux fabriqués artisanalement par certains papas avec des torches et des embouts multicolores de bouchons de shampoing. Les majorettes n’étant pas subventionnées par la commune et afin de subvenir aux différents frais de bus ou à la réalisation des costumes, les parents faisaient la quête tout au long du défilé !” L’animation dans les rues est très appréciée et les gens se montrent très généreux. Les familles sont particulièrement impliquées et souvent tous les membres d’une même famille participent à la vie du groupe : les filles dans la troupe de majorettes ou comme porte-drapeaux, les garçons à la musique et les parents à l’encadrement et à la couture.

Lors de la période estivale, chaque dimanche, de nombreux festivals de majorettes et de musique sont organisés, conduisant ainsi à une grande stimulation mais aussi beaucoup de compétition car nombreux sont les groupes invités à concourir (une dizaine en moyenne). “La journée commençait par un défilé dans les rues : souvent il faisait froid en début de saison, surtout quand vous aviez les jambes nues ! Ensuite se tenait le concours de musique (souvent sur le podium) et l’après-midi était consacrée à une démonstration sur le terrain pour les majorettes. Les premiers étaient récompensés par une coupe. Quel plaisir de brandir ce trophée et quelle ambiance chaleureuse familiale pour les enfants et les parents durant le pique-nique du midi concocté par les familles !” La discipline et la tenue correcte sont exigées mais chacun connaît et respecte les règles de bonne conduite.

J’ai consacré 10 ans de ma vie à l’équipe rouge pour l’encadrement des répétitions deux fois par semaine le mercredi et le samedi. Les enfants étaient occupés les jours sans école et le dimanche pour les sorties. Je m’occupais aussi de l’habillement, des retouches costumes, de la fabrication des robes suivant l’évolution de l’enfant, du suivi des tenues pour les musiciens mais aussi de la fabrication de petits gilets pour l’été. Les vestes des musiciens étaient quant à elles fabriquées chez Armand Thiery.

Les majorettes loubésiennes ont la chance d’être accompagnées et soutenues par le même président (M. Coustet) tout au long de leur activité : l’aventure et l’amitié au sein de cette troupe durent 10 bonnes années. “Puis les enfants ont grandi, les études les ont accaparées, les centres d’intérêts ont changé, mais surtout la mode a changé.” Les défilés dans les rues se font progressivement plus rares et les festivals perdent peu à peu de leur superbe. Parallèlement, les concours en individuel de twirling bâton voient le jour : le public change, l’état d’esprit n’est plus le même “chacun pour soi, il fallait faire mieux que l’autre” et le niveau d’exigence et la technique évoluent : travail de dextérité avec deux ou trois bâtons, jonglage, enchaînements de figures imposées et libres… Et bien que les représentations se fassent toujours en musique, c’est désormais accompagnées de disques et non plus de fanfares qu’elles se tiennent.

Malheureusement, c’est ainsi que les groupes finissent par s’éteindre. “Pourtant, chaque groupe s’est vraiment distingué, qu’il s’agisse des bleus ou des rouges. Saint-Loubès peut être fière de ses majorettes et de leurs fanfares. Et quel dommage cette séparation : plus de 50 participants dans chaque groupe. À eux deux réunis, quelle troupe magnifique cela aurait fait !

Les enfants sont aujourd’hui devenus des adultes et quel changement… il est parfois difficile de les reconnaître. Pour autant “ce sont eux qui viennent vers vous pour vous embrasser en se présentant et quel plaisir de se remémorer les bons moments passés ensemble ! Mon passage au sein de l’association n’a pas été vain…”