Bonna : les bons tuyaux

Bonna : les bons tuyaux

9 juin 2023 2 Par Coly

Si aujourd’hui la zone industrielle de la commune est très riche, cela n’a pas toujours été le cas. En effet, lorsqu’en 1962 la Société des Tuyaux Bonna est venue s’implanter dans la ZA de la Lande, il n’y avait alors que des champs et des vergers où proliféraient joyeusement de petits lapins. Mais aucune autre entreprise : elle fut la première !


C’est Monsieur Aimé Bonna (1855/1930), ingénieur et entrepreneur français qui le 11/08/1893 dépose le premier brevet pour un nouveau système de tuyaux de canalisations en tout genre. Il s’agit d’un tuyau en béton armé « âme-tôle » qui va concurrencer le traditionnel tuyau en fonte. Le succès est immédiat ! Dès lors, de nombreuses usines sont installées partout en France mais aussi à l’étranger. À la fin des années 50, les besoins en matière de canalisations et assainissement sont énormes dans la région Sud Ouest, incitant ainsi la société à implanter une nouvelle unité de production à Saint-Loubès. Bien évidemment, l’usine tourne très vite à plein régime afin d’honorer les nombreuses demandes de ses principaux clients : les entreprises de TP et les collectivités locales. Elle couvre les besoins du département de la Gironde, mais aussi ceux des départements 16, 17, 24, 47 et 64.

Sur site sont fabriqués principalement les fameux tuyaux avec des sections et longueurs variables, suivant les avancées technologiques et la complexité des réseaux. Mais la gamme de produits inclut également et entre autre chose des regards de visite, des voussoirs (destinés aux métros) et plus tard également des pavés autobloquants ainsi que quantité d’autres produits en béton afin de s’adapter aux besoins du marché.

 

Tout est automatisé. Par la suite, au vu des dimensions qui augmentent et de la réalisation d’ouvrages d’art, des pièces spéciales sont étudiées dans le laboratoire de l’usine et faites à la main par du personnel très qualifié. Les effectifs de l’entreprise fluctuent d’ailleurs en fonction des chantiers en cours, allant d’environ 60 personnes jusqu’à plus de 150 au plus fort de l’activité ( dans les années 80). C’est dire combien cette usine était un acteur majeur de la commune, une entreprise référente dans son domaine.

Certains employés sont venus d’autres usines, notamment de celles déjà installées en Afrique du nord. À partir de 1965, quelques logements ont été construits au centre de Saint-Loubès pour accueillir les contremaitres. C’est (certains s’en souviennent) ce que l’on appelait « la Cité Bonna ». La production se faisait en 3/8, ce qui permettait à des propriétaires de petites propriétés agricoles ou viticoles d’être embauchés pour des postes de nuit ou de jour. Cela constituait un revenu supplémentaire . De fait, durant cette période il y avait une bonne ambiance, qu’on pourrait même qualifier de familiale !

De par sa notoriété et sa fiabilité, l’entreprise attire les personnes en recherche d’un emploi stable. Ainsi, dès la fin de ses études, Christian M. a choisi de venir y travailler , tant pour la réputation de l’entreprise que pour les possibilités d’évolution qu’elle offrait. Il est resté plus de 38 ans, en tant qu’électricien d’abord puis comme responsable de la maintenance (les automatismes, c’est sa passion). Il a fini sa carrière en parcourant la France afin d’installer les nouveaux systèmes dans diverses unités.

Mme Christiane G. y a également fait toute sa carrière. Rentrée comme secrétaire, elle a occupé différents postes, de chargée de logistique à commerciale en passant par secrétaire de direction : un beau parcours. Tous 2 ont ainsi eu une vie professionnelle très riche et en gardent un très bon souvenir. Un personnel épanoui, c’est aussi la marque d’une grande entreprise.

Cette société très florissante a contribué, entre autres, à la réalisation des émissaires d’Arcachon, la centrale nucléaire de Braud et Saint Louis (1981), celle de Golfech (1982) le métro de Toulouse (1993) et la ligne LGV Paris/Bordeaux. Néanmoins, le site de Saint-Loubès a fermé ses portes en juillet 2015. L’usine a été démontée (cf photos). Une page s’est tournée pour laisser la place en 2018 à la société Transgourmet.  Assurément, elle aura marqué de son empreinte le passé économique de la commune.

Par Coly et Cookie

 

Crédits photos : Un grand merci à  Patrick Loubet (photographe), de nous avoir confié le fruit de son travail pour illustrer cet article !