Chantal : mes weekend et mes vacances à Cavernes de 1960 à 1974
Je me souviens…
C’est dans les années 1890 que l’arrière-grand-père de Chantal quitte son village de Prigonrieux en Dordogne pour venir s’installer avec son épouse à Cavernes…
Son grand- père Marcel y naîtra ainsi que son père Pierre, dit Pierrot, en 1930. Alors qu’il n’a que 6 ans, la maman de Pierrot décède en mettant sa sœur au monde. Marcel devenu veuf, vivra entouré par sa mère et sa tante, mais tellement choyé et gâté qu’il en deviendra quelque peu égoïste. La maison familiale se trouve à l’angle de la rue de la Marinière, rue qui part de l’avenue du port et contourne un pâté de maison pour rejoindre la plaine.
Pierrot a 14 ans lorsqu’un nouvel événement tragique bouleverse son adolescence. Nous sommes en août 1944 : la raffinerie de pétrole appartenant à la famille Deutsch de la Meurthe, située route des Valentons, est bombardée par les alliés, entrainant la mort de 29 personnes et rasant une grande partie de Cavernes, dont la maison de Marcel. Le village se reconstruit peu à peu. La famille est logée dans une nouvelle maison située au milieu de l’avenue du port. Les années passent, Pierrot se marie. Il ne quitte pas Saint-Loubès, s’installe à l’Escaley et y restera jusqu’aux 12 ans de Chantal.
Marcel, l’homme seul de la maison, compte bien sur l’aide de Pierrot et de son épouse pour l’aider dans tous les menus travaux agricoles et autres. Bien sûr, Chantal et son frère aîné participent : au printemps, c’est le jardinage, l’été les conserves, le début de l’automne les vendanges, et l’hiver on pense aux saisons prochaines tout en se reposant un peu. Et « Il reste encore du temps pour jouer ! […] L’été, avec ma mère on allait faire la sieste près des vignes, sous les aubiers ! »
Chantal aime Cavernes, qui, dans ces années-là était un quartier animé, ressemblant quelque peu au Truch. L’Escaley, par contre ne comptait que 3 ou 4 maisons sans l’eau courante. Ceci explique en partie les week-ends et les vacances chez Marcel pour faire la lessive et profiter de l’eau sans devoir aller au puits. Pas de télé non plus à l’Escaley ! C’était donc un vrai bonheur pour Chantal que de venir à Cavernes, parce que là « on pouvait suivre nos feuilletons : Bonne nuit les petits, Poly, Thierry La Fronde, Belle et Sébastien… » Même les voisins venaient voir les matchs de foot : « Tout le monde s’asseyait sur le lit de mon grand-père ! »
Marcel n’occupait que le bas de la maison. « Je me souviens, on dormait à l’étage, on s’enfonçait dans le matelas en plumes, on ne nous voyait plus. » Elle et son frère, très timides, ne fréquentaient pas trop les enfants du quartier. Ils se côtoyaient surtout au moment de la fête de Cavernes, début Septembre, puisque c’était la dernière fête locale du canton. « Cette fête, c’était génial ! Les stands partaient pratiquement de notre maison, sur les deux côtés de l’avenue et allaient jusqu’au port . » La buvette, installée par le comité des fêtes, était quant à elle au pied de la maison.
« Inutile de dire qu’avec le haut- parleur criant du soir au matin et du matin au soir, on se couchait tard ! » Le restaurant Les charmilles, sur la route des Valentons, battait son plein les jours de fête. Le radio crochet et le bal se tenaient dans la cour de l’école (fermée en 1969). « J’ai même chanté, mais je ne sais plus quoi ! » Le dimanche, il y avait la course cycliste et, le lundi les jeux pour les enfants. « On adorait cette fête, on mettait notre plus belle robe ! » Mais quelquefois, le samedi tombait sur le début des vendanges : « Les copains allaient à la fête et moi aux vendanges. Les manèges étaient gratuits pour mon frère et moi. Mon grand-père avait travaillé aux chantiers de la Gironde et connaissait bien un des forains. On en a bien profité ! »
Dans les années 60 et 70, Chantal, allait chercher le lait, Oh, pas très loin ! Il lui suffisait de traverser la route et de demander « le bon lolo de la meuh meuh ! » Elle était aussi chargée d’aller à l’épicerie ou chez le boucher. « Je me souviens que l’épicière râpait un morceau de fromage pour les pâtes. » Le dimanche, les hommes du quartier se retrouvaient à l’épicerie autour de leur verre de vin blanc « Moi aussi j’allais en chercher le dimanche pour l’apéritif ! »
Les deux boulangers de Saint-Loubès passaient dans le quartier et apportaient également les journaux. Marcel prenait La France et le Sud-Ouest. Mais comme il se levait tard, c’était la voisine, « la poissonnière, la femme du pêcheur » qui prenait les journaux. Alors, éclataient des querelles mémorables car Marcel ne supportait pas qu’elle ait pu lire les nouvelles avant lui !
Le temps passe. En 1975, les parents de Chantal s’installent à Cavernes chez Marcel. Elle a alors 17 ans. Et que fait-on à 17 ans à Cavernes ? Eh bien, on va au lycée, on va jusqu’à la gare en vélo (« on ne s’est jamais fait voler nos roues !« ), on va au cinéma à Ambarès et bien sûr on va au bal. Son frère la portait sur sa mobylette. Ils étaient une bande de copains et jouissaient d’un super privilège. En effet l’un d’eux, fils du Maire, avait les clefs de la salle de la Renaissance et là s’organisaient les soirées du samedi. On mangeait, on dansait. Et le samedi d’après, on allait faire la même chose à Izon.
Chantal quitte Cavernes après son mariage. Quant à Pierrot, son père, il poursuit à Cavernes sa grande passion : le jardinage. Certains voisins se souviendront de ses distributions estivales de tomates, de courgettes et de salades. Son épouse décédée, il vit avec son chien Dolly et continue à bêcher son jardin. Chantal, son frère et leurs enfants, l’entourent avec bienveillance.
Merci à Chantal pour ce témoignage qui évoque la douceur de vivre de son enfance.
Superbe… Je revis à travers la lecture de ce témoignage, mon enfance. J ai quelques années de moins, mais la douceur et le bonheur de Vivre à cette époque…. Quartier de la gare côté Cavernes ❤️❤️❤️