Correspondant de presse : une activité « qui vous déborde »

Correspondant de presse : une activité « qui vous déborde »

19 juillet 2023 0 Par Mémoires Saint-Loubès

Carnet de notes et crayon à la main, armé de son bagou légendaire qui lui a notamment valu son activité de correspondant sur le territoire, Jean-Pierre Nowak fait partie des figures incontournables de Saint-Loubès depuis plus d’une vingtaine d’années… Mais quel est son parcours et comment a-t’il rejoint l’univers si particulier de la presse quotidienne régionale ?


Une carrière professionnelle pleine de rebondissements

Né à Waziers (petite commune du nord de la France) de parents polonais, Jean-Pierre Nowak est naturalisé français à l’aube de ses 9 ans afin de pouvoir poursuivre sa scolarité. En grandissant, il se dirige vers un CAP comptabilité et un brevet d’enseignement commercial. L’année 1962 marque son départ pour l’Algérie. De retour en France, il commence sa carrière professionnelle dans le nord comme employé de bureau pour la raffinerie Courchelettes et les pétroles DP. Suite à une évolution de carrière, il enchaîne les mutations aux quatre coins de la France (Rodez, Floirac, Tour, Belfort…) pour assurer la transition des remplacements de chefs de dépôts.

Ayant refusé une nouvelle mutation au siège, à Paris, il est “rétrogradé” et envoyé (un peu malgré lui) comme manager d’une station autoroutière : “ça a été les plus beaux moments de ma vie”. L’activité permanente, la polyvalence de sa mission et la formation de nouvelles recrues au fil des saisons l’animent tout particulièrement. Sa carrière suit son cours et le ramène dans la région du Sud-Ouest (son secteur de prédilection) jusqu’au jour où, âgé seulement de “56 ans et 3 mois”, il est sommé de prendre sa retraite puisqu’il a accumulé suffisamment de trimestres pour ce faire.

 

De secrétaire d’association à correspondant de presse, il n’y a qu’un pas !

Poussé par l’un de ses amis collègue de football de la Joyeuse Sport de Saint-Sulpice, pour s’occuper et donner une impulsion à cette nouvelle étape de sa vie, il accepte de devenir secrétaire de l’équipe de rugby d’Izon. C’est à ce moment-là qu’il commence à écrire à Sud-Ouest, pour communiquer les informations du club (rencontres, résultats, événements…). Les semaines passant et las de ne voir aucun article paraître dans le journal malgré ses nombreux envois, il décide de réagir : “J’ai envoyé une lettre à la direction. Du genre…vous vous foutez de la tête des petits clubs…on va mourir…vous vous en foutez !” La réponse du journal ne se fait pas attendre : il est convoqué quelques jours plus tard par le directeur, surpris de ce courrier fulgurant : “Vous voulez que vos articles paraissent ? Alors devenez correspondant de presse”. C’est ainsi que l’aventure commence, en tant que correspondant pour le quotidien.

Son premier article, il s’en souvient comme si c’était hier. “C’était sur le mascaret à Saint Pardon où il y avait des “boat” qui venaient d’Afrique du Sud. Des bateaux assez pointus qui vont secourir en mer des gens en danger. Et ils venaient au mascaret. Il y avait un monsieur qui était champion olympique, un monsieur qui était champion du monde…et à ce moment-là vous devez faire un article. Pour mon premier article, je suis passé à la dernière page dans Sud-Ouest ! Un grand article : je me suis dit c’est magnifique ! Je débarque, j’arrive et j’ai déjà la dernière page !

La rédaction lui confie un premier secteur à couvrir : Izon, Vayres, Arveyres. Puis, quelques temps après, il est missionné pour servir le secteur de Saint-Loubès (sur les recommandations de Claude Castaing), dont le maire de l’époque n’est autre que M. Serge Roux. Tous les sujets peuvent être abordés selon l’actualité et les sollicitations des communes. Le travail de rédaction et le choix des sujets se font en lien avec les journalistes et les correspondants de la rive droite. “Notre seule véritable obligation, c’est d’être dans les conseils municipaux et les conseils communautaires, parce que c’est là la vie de la commune. Pour le reste je n’ai aucune obligation !”. Le fil conducteur, quelle que soit la situation “c’est se demander ce que je vais pouvoir apprendre au lecteur ? C’est ça la réelle information. Il faut que ce soit quelque chose qu’ils ignoraient, qui va les intéresser et peut-être les concerner directement.

 

 

Où ? Quoi ? Comment ?

L’information est partout. Elle peut être étayée très vite par les activités annexes du correspondant : vie associative, activité sportive, réseau de connaissances… Il faut donc savoir faire le tri et ne pas se laisser déborder par l’étendue des contenus potentiels à traiter. Le relationnel représente également un aspect non négligeable de la qualité du travail réalisé : saluer, discuter, prendre des nouvelles lors d’évènements ou de rencontres diverses… Cela prend du temps mais permet d’entretenir des liens précieux et d’être au plus près de l’information lorsqu’elle se présente : “vous parlez avec un député, vous parlez avec une secrétaire d’état, vous parlez avec un adhérent, un artiste à La Coupole, un arbitre…”.

Pas de censure, pas de sujets tabous : l’enjeu réside dans la précision et la fiabilité de l’information collectée et des alertes lancées par les informateurs sur le terrain. Pour le reste, tout peut être abordé, du feu de forêt à l’inauguration d’un bâtiment en passant par les faits divers, une remise de médaille ou des assemblées générales d’associations : “S’il y a un meurtre ou des trucs comme ça, à ce moment-là ce sont des spécialistes qui viennent et qui couvrent ces choses-là. Moi, je ne suis pas qualifié en meurtre !

Les articles sont entièrement rédigés à la main et au crayon à papier avant d’être relus et publiés : “Je les range dans un classeur, et quand mes articles paraissent, je les découpe et je les classe. Comme ça je sais ceux qui sont parus ou pas !”. Un système d’archives efficace qui permet notamment de faire des points réguliers avec les secrétaires de rédaction sur les modifications apportées aux textes ou sur les non parutions de certains.

 

 

“On n’est pas là pour étaler sa science !”

Être factuel, neutre et efficace sont des atouts indispensables à l’activité de correspondant : “On est là pour relater des choses. Moi, mon seul bonheur c’est quand on me dit : “on comprend bien ce que t’as écrit !””. Cette activité prenante et stimulante lui permet ainsi de rester actif et de ne surtout pas “rester couché à la maison devant la télé !”. Cela oblige à aller chercher des informations, à comprendre des choses que l’on ne maîtrise pas, qui sont propres à une génération : “Parfois, ça vous déborde ! Vous apprenez des tas de trucs !”.

Après plus de 25 années d’activité, Jean-Pierre Nowak, aujourd’hui ancien combattant membre de la FNACA, adhérent de la Joyeuse Équipe, secrétaire du rugby de Saint-Loubès, Izon et Ambarès, président de l’association France-Pologne Gironde et correspondant de presse pour Sud-Ouest n’est certainement pas prêt de s’arrêter… Dynamique, curieux de tout et engagé dans de nombreux domaines, son inspiration est sans limite et Saint-Loubès n’a pour lui aucun secret !

 

Photos d’illustration : © Yvette Daviot (2023)