Et si c’était vrai ?
Nous sommes à Saint-Loubès, village tranquille, mais pas sans histoires. Comme tout lieu, il fourmille de contes et légendes. À vous de les vérifier…
Commençons par un peu d’histoire et penchons-nous sur le blason de Saint-Loubès : « de gueules à la barque de sable de front, habillée d’argent, grand-voile à senestre et foc à dextre, au chef d’or chargé d’un loup passant de sable… ». Vous n’avez rien compris ? Regardez un peu et ouvrez grands vos yeux.
Je reformule un peu : « De gueules à la proue de gabare de sable, habillée d’argent ; au chef d’or chargé d’un loup de sable » Alors ?
Y a t-il seulement eu des loups à Saint-Loubès ? Le loup est-il à l’origine du nom de « Loubès » ? Et les loups sont-ils des saints ? Je vous pose la question ? Eh bien, non ! Saint-Loubès doit son nom à Saint Loup (autrement appelé Saint Leu). Né à Toul en 383, d’abord moine à Lérins, il devient évêque de Troyes en 426. Il défend cette ville contre l’impitoyable et cruel Attila, roi des Huns. Son retour à Troyes est salué avec enthousiasme et reconnaissance et fait de lui une figure emblématique du territoire.
Une légende dit même que Saint Loup aurait aussi défendu sa ville contre un terrifiant dragon nommé Chair-Salée (ou Cocatrix). La créature aurait alors été portée triomphalement en procession, ornée de fleurs, pompons et rubans, la foule jetant des craquelins dans sa gueule béante… Vous l’aurez peut être compris, le monstre de la Chair Salée serait en réalité assimilée au chef des Huns, Attila, que l’Évêque devenu Saint Loup a arrêté aux portes de la ville…
Si l’on estime que l’origine du nom de la commune remonte au VIème siècle, Saint-Loubès se serait aussi appelé au fil du temps Santis-Lupus, Santos-Lobes, Sanctus-Lubesius, Sanctus-Petrus de Sancto-Lupo ou encore Sainct-Pierre-de-Loubez : en voilà de bien drôles de noms !
De nombreux personnages célèbres ont eu la chance de passer par le petit village de Saint-Loubès au fil du temps et de l’Histoire : savez-vous par exemple que Monsieur le maréchal de Richelieu, gouverneur de Guyenne, petit neveu du cardinal de Richelieu a fait une halte chez nous le 3 juillet 1739 ? Il a été reçu par le curé du village qui lui a servi (ainsi qu’à sa suite) une délicieuse collation !
Mais ce n’est pas tout ! J’ai entendu dire qu’alors que l’un des fils de Louis XIV passait une nuit dans un château de notre commune, il remarqua que celui-ci manquait d’eau potable. Il fit alors immédiatement financer le forage d’un puits ! La date, encore aujourd’hui gravée sur la margelle en atteste : 1694 ! Ce château prit ainsi le nom de château des Dauphins : il est maintenant entièrement rénové et une des salles de réception se nomme la « salle Louis XIV ».
Retournons à nos histoires de pierres et approchons nous de la fontaine Saint Luc, située sur le chemin du Roy. C’est dans ce lieu que de nombreux objets ont été découverts ! Une statue datée du 2ème ou 3ème siècle en marbre banc (à retrouver aujourd’hui au Musée d’Aquitaine), des tombes, des haches polies… Tout cela laisse à penser à l’existence d’un cimetière ! Et qui dit cimetière dit église ? Ou chapelle ?…d’où le nom de Saint Luc. Erreur cependant puisque Saint Luc est une déformation de « Lucus » qui signifie forêt !
Chut, plus de bruit, prêtons l’oreille : avez vous entendu des cloches sonner ? Celles de La Chapelle ! Plusieurs écrits relatent une possible première chapelle dans ce lieu. Mais vous n’avez pas bien écouté sonner les cloches ou peut être sont-elles si profondes qu’elles sont inaudibles. Hé oui, la légende dit bien qu’elles s’enfoncent… Personne ne les a encore entendues ou dans des temps anciens. Il faudra attendre un assèchement de la fontaine et creuser plus profond, mais les y trouvera t-on? Existent elles vraiment ? Moi j’aime les légendes et j’ai envie d’y croire. Chaque fois que je passe près de la fontaine, je fais silence et je prête l’oreille !
Savez-vous qu’une autre légende évoque une vache d’or ? Non, non, vous ne rêvez pas ! Nous sommes tout proches du village du Truch. Le propriétaire du terrain, sur la foi d’une légende, fouillât entièrement son terrain. Il ne trouva malheureusement pas de vache d’or mais de nombreux vestiges de briques, de briques ciselées, et même un peson en terre cuite percé à l’une de ses extrémités. Le long du chemin du Roy, proche de la fontaine Saint Luc, Pierre Bardou, auteur, évoque aussi la recherche d’un hypothétique veau d’or…encore une légende !
Tout le monde ou presque à Saint-Loubès connaît l’arbre de la sorcière, celui situé dans le parc de la coupole. Celui-ci même qui nous accueille sous ses branches aujourd’hui… Il faut dire que cet arbre tout tordu, couché, dans lequel viennent nicher des oiseaux ou des guêpes, qui tous les ans renaît au printemps peut bien abriter une sorcière !
Mais qui connaît son nom ? Et bien moi je vais vous le dire, mais surtout ne le dites à personne c’est un secret. Chut, la sorcière se nomme la Kakasséléné. Ce n’est pas une méchante sorcière, seulement une sorcière qui fait des bêtises à la place d’une petite fille nommée Juliette. Juliette a beaucoup de colère contre cette sorcière qui casse la lampe, cette sorcière qui vient gratter les pieds de Juliette pour l’empêcher de s’endormir, celle qui lui emmêle les lacets. Cette sorcière, sortie d’un conte des belles histoires était celle que je racontais dans les années 1980 aux enfants des centres de loisirs. Depuis, l’arbre est bien resté celui de la sorcière et même parfois celui « des » sorcières. Ah quelle histoire ! Si vous voulez mieux la connaître alors allez lire son histoire et faites-la revivre.
Les maisons hantées font aussi partie des mythes les plus répandus sur Saint-Loubès. L’une d’entre elles, de loin la plus célèbre, s’érigeait à la place de notre actuelle Coupole. Cette grande bâtisse en pierre surmontée d’un étage était froide et sinistre. Elle semblait totalement à l’abandon, vide de tout signe de vie…et pourtant ! Elle a été détruite il y a bien longtemps, mais nombreux sont les loubésiens qui pourraient vous raconter des histoires à vous faire frissonner !
Et les fontaines miraculeuses… Ah ! Ah ! À ce jour, je peux vous conter les propriétés d’au moins 3 fontaines ou sources. Tout d’abord, celle dite « source du prieuré » ou « source de l’église ». Elle est mentionnée du temps de Charlemagne : les gens venaient s’y laver les yeux. Une autre, chemin de l’ermitage, était quant à elle l’objet des plus douces espérances. « La jeune fille qui, durant l’aubépine en fleur, allait, pendant 9 jours, puiser l’eau avant le lever du soleil était certaine de se marier dans l’année » ! Enfin, la dernière, située dans les landes, proche du château de la Rafette, avait pour les habitants de Cavernes la vertu de guérir les enfants de ce que l’on appelait alors « le mal sauvage »…
À ce jour, je n’ai encore rencontré ni fées, ni fantômes, mais peut être connaissez-vous d’autres légendes, alors n’hésitez pas à venir enrichir ce document de vos histoires.
© Dessins réalisés par les classes de Mme Vidorreta et Mme Labat de l’école primaire Paul Jean Toulet (2022/2023)
Que de suspenses et une belle ouverture sur l imaginaire ça donne envie d en savoir plus