Et si on parlait du joli quartier du Truch ?

Et si on parlait du joli quartier du Truch ?

26 février 2023 2 Par Mémoires Saint-Loubès

À l’image d’un petit village juché au sud-ouest de Saint-Loubès, le quartier du Truch fourmille d’histoires et nombreuses sont les figures qui ont su traverser le temps et laisser un souvenir impérissable à ses fidèles habitants dont je fais partie…


Dominant les vallons de la Laurence et de son affluent le Martin, on peut apercevoir, selon le point où on se situe, les clochers des communes de Cameyrac, Beychac et même Montussan. Au fil des années et des constructions, des vestiges du passé, témoins de l’occupation des lieux depuis le tout premier siècle de notre ère, ont refait surface sur un axe de près de 2 kilomètres, du cœur du village jusqu’au Bayle. La terre nous a ainsi révélé quelques-uns de ses secrets : en direction de l’ouest, au milieu des gravats, ont été retrouvés des vases, des assiettes et des lames de couteaux. Un peu plus bas, disposées à plat sur un lit de 4 ou 5 briques, ce sont des tombes qui ont été découvertes. Plus marquant encore, en 1912, un sarcophage en pierre a été retrouvé lors de la construction d’un cuvier. Il se trouve aujourd’hui sous les fondations des murs.

Mais l’Histoire d’un quartier ne se résume pas simplement à son patrimoine ou aux objets qu’il recèle, elle vit aussi et surtout au travers des acteurs qui la font évoluer jour après jour. On se souvient ainsi en 1940 de l’épicerie/mercerie tenue par Madame Blanchard qui, longtemps, a approvisionné les gens du coin dans les années 50. Repris une première fois par la famille Laclède quelques années plus tard, ce commerce emblématique ne changea pas que de propriétaire, puisqu’il se délocalisa également quelques mètres plus loin. Un couple de gersois, Monsieur et Madame Laspeyre, bien connus pour leur gentillesse et leur dévouement, finiront par le reprendre. Toujours souriants et profondément tournés vers les autres, je me souviens qu’à l’époque, en plus des services proposés par leur magasin, ils mettaient également à disposition de ceux qui en avait besoin le téléphone fixe. Tous les foyers n’en étaient pas équipés et le portable n’existait pas ! Ils prenaient même soin de nous composer le numéro avant de nous transmettre la communication. Accompagnés de leur petit chien, ils ont, à mes yeux, beaucoup apporté à ce quartier.

Tout proche de cette épicerie, on trouvait aussi une forge, tenue par la famille Mouche sur 3 générations. Il y eut d’abord Ferdinand, puis Etienne et enfin Alain. L’enclume résonnait dans le village pour aiguiser les socs des charrues ou autre ferronnerie. Un peu plus loin siégeait une belle maison de maître dont le propriétaire n’était autre que Monsieur Guérin, ancien Maire de Saint-Loubès. Un peu plus à gauche, on retrouve le chemin du Martin et son lavoir qui servit jusque dans les années 80. Le temps passant et l’entretien manquant, la toiture finit par s’écrouler, mais on peut observer encore aujourd’hui les vestiges de ce lieu de vie et de grand passage. Les ateliers de La Coccinelle l’avaient d’ailleurs utilisé pour laver de la laine de mouton qui, après séchage, avait été cardée puis filée et même parfois teinte…

Mais le Truch, c’est aussi le chemin du Roy, qui venait de Saint-Sulpice, traversait le village pour les attelages et charrettes, et allait jusqu’à Bordeaux livrer des fruits ou des légumes. Ce chemin est aujourd’hui devenu un axe pour les randonnées pédestres. Terre viticole, les tracteurs ont aujourd’hui remplacé les animaux qui autrefois permettaient de labourer ou de vendanger selon les besoins des viticulteurs. Monsieur Reynaud père utilisait par exemple un bœuf tandis que messieurs Lachaume et Lasbasse travaillaient avec un cheval.

En bout de village, le château de Reignac : construit au XVI ème siècle, il fut notamment, pendant la guerre, la propriété de la famille Tedeschi, qui accueillait les enfants du village pour le goûter. Leur tombeau est longtemps resté sur la propriété mais a fini par être déplacé par un autre propriétaire. Le château fut ensuite repris, entre autres, par le baron Von Toffer, la société Moreau, puis, plus récemment, dans les années 90, par M. et Mme Vatelot qui redonnèrent tout son éclat à la bâtisse et à son vignoble. Monsieur Gassie, ancien habitant du Truch et conseiller municipal, fut d’ailleurs régisseur de ce château pendant la guerre.

Le temps a certes fait son œuvre et le quartier a beaucoup changé au fil de ces dernières années. Cependant, il n’en demeure pas moins tout aussi charmant. Si vous ne le connaissez pas encore, prenez donc la peine de venir le découvrir au détour d’une balade ou d’une discussion avec l’un de ses fidèles habitants…

Paule Baron

Source : Pierre Bardou - Saint-Loubès en Entre-Deux-Mers
Crédits photo : © MC Gouffrand pour le projet Saint-Loubès en Histoires