La Petite Chronique de Saint-Loubès 1890-1891 (1/3)

La Petite Chronique de Saint-Loubès 1890-1891 (1/3)

10 mars 2024 0 Par Lou

Bien avant Le P’tit Loubésien et les bulletins municipaux, Saint-Loubès avait son journal « La Petite Chronique de Saint-Loubès ».


Paru en 1890, les Archives Départementales de la Gironde possèdent 83 numéros, le dernier datant du 20/12/1891. Dans chaque parution, l’on pouvait ainsi retrouver :

  • La lettre d’un parisien signé E. Saint Aignan ;

  • Des articles « Politique municipale » signés entre autres d’Hector Ducamp, de Fernand Dagneaud, Louis Barada, Henri Goland, dans lesquels se glisse une opposition farouche à la majorité en place ;

  • Un article en patois de J. Cadichoun ;

  • Une chronique locale, une cantonale, une viticole évoquant les ravages du mildiou ;

  • Deux feuilletons ;

  • Des faits divers ;

  • Les ventes de la quinzaine (vins rouges et blancs) ;

  • Des jeux d’esprit ;

  • De la petite correspondance ;

  • Des publicités diverses : Imprimerie René Gachet à Saint-André-de-Cubzac, Compagnie d’assurances l’Union, Grandes fabriques d’instrument agricoles et viticoles : Le pulvérisateur l’Étonnant, le Surprenant pour l’emploi du sulfure de carbone, le pulvérisateur Salvator Follium Boiteau, le pulvérisateur l’Anti Mildew…


La première édition de la Petite Chronique sort le 25/05/1890. Il s’agit alors d’un journal républicain indépendant paraissant le dimanche à Saint-Loubès, à Bordeaux, chez M. Graby, libraire rue des Piliers de Tutelle et aux kiosques des journaux place de la comédie.

Son prix : 10 centimes, 6 Francs l’abonnement d’un an, et 8 Fr 50 pour 6 mois !

Sa ligne éditoriale : « Propager l’idée républicaine dans les communes du canton, offrir à nos amis politiques le moyen et l’occasion de faire entendre leurs justes revendications, de renforcer la note de leurs plaintes ».

Je vous en propose quelques petites pépites, et vous invite à retrouver les originaux sur le site des Archives Départementales…


LPC (La Petite Chronique) N°1 du 25/05/1890 | Le Gâchis 

Monsieur Barailley est alors Maire de la commune succédant à Monsieur Guiard, Maire démissionnaire en mai 1890. De « Boulangeo-bonaparto-réactionnaires » sont ainsi traités par les chroniqueurs du journal, le Maire et son Conseil.

L’article du Docteur Ducamp au titre évocateur « le gâchis » rend compte d’une franche opposition. Ce dernier sera élu maire en 1891 !


LPC du 01/06/1890 | Question de clocher 

Une polémique se fait jour entre la municipalité et l’opposition au sujet de l’échafaudage prévu pour le clocher ; « En faisant voter d’urgence par son inconstante majorité les fonds nécessaires à la construction d’un échafaudage dont le seul but était d’apprécier la nature et l’importance des réparations, l’ex maire ne prévoyait pas, qu’après la défection de ceux dont il était l’élu le mettrait dans l’obligation de proposer la démolition de cet échafaudage élevé avec tant de précipitation »

Dans la chronique cantonale du N°2 un paysan d’Ambès, se réjouit de pouvoir lire « la petite Chronique, une tribune où l’on a l’aisance des coudes ».


LPC du 01/06/1890 | La Cantinière du 50e 

Tout bon journal qui se respecte à son feuilleton. Écrit par Edgar LA SELVE, Le Moulin de la Dotz premier chapitre, apparaît dans ce deuxième numéro. (Dotz signifie source et se prononce « Doutz« ).


LPC du 08/06/1890 | Le droit des pauvres 

Problème de recette pour le comité de bienfaisance. H. Ducamp nous livre un calcul sur les recettes des représentations théâtrales à St Loubès. Toujours par « la faute » du Maire, sur les 15 représentations données par la troupe Venturini, une seule donna le 10è de sa recette pour les pauvres. Ce qui laissa au comité de bienfaisance la somme de 60 Francs au lieu de 219 Fr et 20 centimes.


LPC du 08/06/1890 | Jean DEBOR ou une famille à Saint-Loubès 

Un nouveau feuilleton apparaît dans ce numéro, écrit par JB Boredon. Auteur semble-t-il connu à Saint-Loubès. Dans le N°4, l’article sera signé par Mme Boredon-Ferrière.


LPC du 15/06/1890 | Cheval emporté 

Saint-Loubès en émoi par cette mésaventure. « Un des chevaux de notre sympathique et collaborateur le docteur Ducamp s’est emballé et a traversé au triple galop la grand ’rue, au moment où les enfants sortant des écoles prennent leurs ébats sur nos places publiques… L’animal épouvanté a continué sa course vertigineuse vers la gare où il a pu être arrêté. »


LPC du 29/06/1890 | Clôture de la souscription publique 

Une souscription publique lancée pour élever un Mai à M. Barailley, maire provisoire de la commune, récoltera la modique somme de 25 centimes. Henri Goland propose l’achat d’une marotte !


LPC du 29/06/1890 | Acte de probité 

M. Jean Roux dit le Nantais, faisant ses courses dans le bourg, chez Mme Olivié, a reçu en échange d’un billet un rouleau de pièces de 2 francs à la place de pièces de 1 franc. Après s’être rendu compte de cette erreur, il rendit le rouleau à Mme Olivié.

L’article se termine ainsi : « il ne voulut même pas accepter de remerciements pour un acte de probité que nous nous empressons de signaler à tous et comme il mérite ».


LPC du 06/07/1890 | Retour de Marmande 

La vaillante fanfare loubésienne revient du concours de Marmande couverte de lauriers. Applaudissements, ovation, « splendides bouquets offerts par de ravissantes fillettes », accueillent le chef M. Terlet et son vice -président Mr Dagneaud.


LPC du 13/07/1890 | Fête du 14 juillet 

  • À 10h : Départ pour Cavernes, la Marseillaise sera jouée devant l’arbre de la liberté.

  • À 1h : Banquet – Grand concours de tir à la carabine et au pistolet Flobert

  • À 6h : Départ d’un magnifique ballon

  • À 9h : Retraite aux flambeaux, salves d’artillerie, bombes, illuminations

Un grand bal terminera la fête.


LPC du 20/07/1890 | Retour sur la fête du 14 Juillet

« Toutes les fois qu’il s’agit de fêter la république, les Cavernais sont au premier rang. » Ils ont réservé l’accueil le plus sympathique qu’il soit aux membres du comité républicain. C’est au pied de l’arbre de la liberté, planté depuis plusieurs années, cultivé et entretenu « des soins jaloux de tous », couvert de drapeaux et de fleurs magnifiques, que la fanfare a exécuté l’hymne national.

  • Le banquet : Potage A. Barailley aux graines de melon / Bouilli, bœuf mode

  • Entrés : Veau, sauce champignons de paris

  • Hors d’œuvres : Radis de Caux / Rouleaux-frisettes de beurre / Saucisson

  • Rôts : Filet de beauf aux câpres / Gigot / Poulet des Charentes. Salade

  • Entremets : Sorbets à la glace A Barailley

  • Desserts : Petits fours Baraillistes. Fromages variés

  • Pièce montée : le clocher et son échafaudage. Vins de plusieurs crûs en renom.


LPC du 10/08/1890 | La fête locale 

« Nous ne parlerons pas de la légendaire hospitalité, pas plus que de la courtoisie aménité des Loubésiens à l’égard des nombreux visiteurs de notre charmante localité, il était trop aisé de s’en rendre compte dimanche ». La foule nombreuse déposée par les trains, ainsi que les locaux se précipitent sur la place de la mairie : concert musical, saltimbanques, le grand cirque Durosier, les gymnasiarques, les équilibristes, les clowns, les somnambules, le bal, les lanternes vénitiennes, le feu d’artifice, tout y est pour réussir la fête attendue par tous. Seul hiatus, le secrétaire général du comité, sans doute pas natif, a écrit « le loubaisien » et non le « loubésien », ce qui a déplu fortement aux villageois.


LPC 24/08/1890 | Souscription pour les sinistrés de Fort de France 

Le journal a lancé une souscription publique en faveur des sinistrés de Fort de France. En effet un violent incendie provoqué malencontreusement par des enfants, ravageât la ville le 22 juin 1890. Saint-Loubès récolta 260Francs et 50 centimes.