Les petits ruisseaux font les grandes rivières (Que d’eau 1/4)
Que d’eau ! – Partie 1/4
S’intéresser aux cours d’eau de la commune, c’est dans un premier temps les localiser, puis se plonger non pas dans leurs eaux, mais dans l’ouvrage de référence sur la commune d’Augustin de Comet, pour connaître le passé et comprendre le présent. Nous suivrons les ruisseaux d’Augustin de Comet, puis ceux de Pierre Bardou, pour arriver de nos jours…et nous verrons que la navigation n’est pas toujours facile !
Les ruisseaux d’Augustin de Comet
Dans sa monographie de la commune de Saint-Loubès parue en 1869, Augustin de Comet recense 5 ruisseaux dont les noms ont aujourd’hui disparu, en dehors de La Laurence, qui reste le principal ruisseau, limitant à l’est Saint-Loubès de Saint-Sulpice-et-Cameyrac.
-
La Laurence : reçoit de nombreux affluents dans la longueur de son parcours.
-
La Gabarraud : sépare Saint-Loubès de la commune d’Izon et se jette dans la Dordogne
-
Le Martin : porte ses eaux au moulin de Montsec. Il est grossi par des cours d’eau prenant leur source à Jeanpan.
-
Le ruisseau de Charlot : se forme des eaux venant de Terrefort, des lavoirs et des fontaines de Saint-Luc et de Poumey. Il est grossi des sources de Modéry et change de nom après le moulin de Canteranne.
-
La Moulinotte : formé par les nombreuses sources de la lande de Lescart, il passe au Goubert, se dirige vers Cante-loup et se déverse dans la Dordogne au lieu de la Cabanasse.
Il existe également le petit cours d’eau appelé « Le Muguet » qui prend sa source à la fontaine et au lavoir du Muguet, situés sur le chemin venant du Basque. Il se dirige vers le lavoir et la fontaine de l’Hermitage.
Les ruisseaux de Pierre Bardou
Dans « Saint-Loubès en Entre-Deux-Mers », Pierre Bardou décrit un modeste réseau hydrographique, composé de nombreux cours d’eau :
-
Le Gabarrot (on notera que l’orthographe a changé cf. : A. de Comet)
-
La Laurence
-
Le Jacoutet
-
Le Charlot
-
Le Canterane
Seuls le Jacoutet et la Laurence portent leurs eaux à la Dordogne. Les autres constituent de minces filets d’eau qui peuvent disparaître aussitôt leur naissance.
Les ruisseaux, les cours d’eau, les jalles et canaux de drainage de nos jours
Difficile de s’y retrouver entre les changements de noms, les différents plans que l’on trouve, les différentes ressources consultées, ainsi que le « Plan guide Saint-Loubès 2018 » qui ne mentionne plus le Jacoutet ! Est -ce bien un cours d’eau ? ou finit-il en fossé ? Mais cela n’est pas l’objet ici.
Après de nombreux va et vient dans les archives, les plans, les documents existants, il semble que les noms des cours d’eau aient pu changer en fonction des époques, des quartiers dans lesquels ils passent, ou des aménagements de la main de l’homme. Certains cours d’eau peuvent aussi être des canaux de drainage permettant d’évacuer l’eau des domaines marécageux.
Le méandre façonné par des mouvements d’expansion et de rétraction de la Dordogne depuis Saint-Vincent-de-Paul jusqu’à Izon, donne lieu à l’émergence de terres fertiles, qui se transforment en terrain « spongieux » lors des précipitations. Un réseau de drainage et de nombreux systèmes de gestion des eaux ont permis l’assèchement de la zone et une exploitation des palus en pâtures, prairies et vignes.
Pour les lecteurs intéressés, la lecture du chapitre : « Les statuts et le syndicat » (Monographie d’Augustin de Comet) donne un aperçu très complet des travaux d’assèchement des palus, de l’aménagement et réaménagements des fossés, des jalles, des déviations des cours d’eau, et établissement d’écluses, depuis le XVIe siècle.
En 1693, les propriétaires des Palus de Saint-Loubès et Saint Sulpice formèrent un syndicat dont les statuts fixèrent la réglementation administrative des palus et marais. On trouve dans cette zone, de nombreux cours d’eau déviés de leur cours qui finissent ou non dans la Dordogne, en fossés, esteys ou jalles.
Ici sont identifiés les cours d’eaux BCAE 2023 : Il s’agit des cours concernés par les règles des bonnes conditions agricoles et environnementales.
Voici les conditions pour obtenir des aides PAC :
-
BCAE 1 : Obligation du maintien des prairies permanentes
-
BCAE 2 : Protection des zones humides et des tourbières
-
BCAE 3 : Interdiction de brûlage
-
BCAE 4 : Bandes tampons le long des cours d’eau
-
BCAE 5 : Gestion du labour réduisant les risques de dégradation des sols
Ces cours d’eau BCAE concernent plus particulièrement les exploitants agricoles. Sur la commune les cours d’eau concernés sont La Laurence, et le Canterane qui vient grossir le Jacoutet.
Sur cette autre carte apparaissent de nombreux cours d’eau, fossés ou jalles, mais toujours pas de noms à l’exception de ce que j’ai noté ! puisque l’on peut reconnaître le Canterane, la Jalle de la côte noire, le Jacoutet ainsi que la Laurence.
Il n’a pas été facile de trouver des informations ni même des plans sur lesquels m’appuyer. Hormis la Laurence et le Jacoutet, les autres cours d’eau ne sont pas nommés. Au cours des promenades dans la commune, j’ai pu photographier les panneaux signalant tel ou tel cours d’eau. Mais par exemple, dans les Palus, au niveau du château Lagrange (où se jette la Laurence dans la Dordogne), il n’y a aucune signalisation, et c’est en discutant avec le propriétaire du château que j’ai pu confirmer qu’il s’agissait bien de la Laurence !
Cependant, lors de ma rencontre avec Monsieur Jules Léonnec, chargé de mission GEMAPI (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations) à la communauté de communes les Rives de la Laurence, j’ai pu avoir des éléments nouveaux et des précisions comme entres autres l’importance de faire la distinction entre fossé et cours d’eau. C’est pourquoi quelques définitions rapides s’avèrent nécessaires :
-
Les fossés sont des ouvrages artificiels destinés à l’écoulement des eaux.
-
Les cours d’eau sont des milieux naturels complexes. Les cours d’eau sont protégés et régis par le Code de l’environnement afin de permettre le maintien de leur bon état écologique et d’un environnement de qualité. L’article L. 210-1 de ce code rappelle que « l’eau fait partie du patrimoine commun de la nation. (Pour aller plus loin, cliquez sur ce lien).
-
La jalle est une appellation gasconne pour désigner des cours d’eau capables de réguler et d’alimenter le cycle des zones humides ou submersibles.
-
L’estey désigne une partie d’un cours d’eau qui, soumis au régime des marées, se trouve à sec à marée basse.
Monsieur Léonnec m’a également proposé la cartographie des cours d’eau classés sur la commune , qu’il a réalisée en 2023
Finalement, pour tenter de représenter l’ensemble des cours d’eau, fossés et jalles, j’ai fait le choix de m’appuyer sur l’atlas catalogue du Sandre France : Service d’Administration Nationale des Données et Référentiels sur l’Eau.
N’ayant pas les compétences appropriées, je nommerai indifféremment cours d’eau, sachant qu’il peut s’agir de ruisseau ou de fossé. Je m’en excuse auprès des connaisseurs lesquels j’espère pourront rectifier…. et me tenir au courant !
Image d’en-tête : © P. Bardou – Saint-Loubès en Entre-deux-mers. Éléments de son histoire, des origines à 1914