Quelle bonne odeur de pain !

Quelle bonne odeur de pain !

8 février 2024 0 Par Ermine

Originaires de Charente Maritime, Mme Berteau Ginette (née en 1941), dont les parents étaient boulangers dans ce département, et M. Berteau Jean-Marie (né en 1934) ont travaillé dans la boutique des parents de Ginette et se sont mariés en 1960.

Après une période de 27 mois sous les drapeaux – la norme à cette époque – M. Berteau reprend son métier de boulanger (appris dès l’âge de 16 ans). Mme Berteau a quant à elle appris la comptabilité, ce qui est bien utile dans un commerce, en plus de son expérience en boulangerie acquise chez ses parents. Une annonce parue dans la presse les décide à acheter un fonds de commerce à Saint-Loubès en décembre 1975. La partie habitation est attenante au local commercial, le pétrin est dans la partie basse et l’aération n’est pas optimale au vu de la farine volatile.

La préparation du pain demande des opérations successives : le soir vers 20h, il faut pétrir le levain qui doit fermenter jusqu’à 2h du matin. Puis il est nécessaire d’ajouter de l’eau « pour crever le levain ». Ensuite, à nouveau de l’eau, de la farine et du sel (le pétrin prend la suite). Il faut savoir qu’il y a une perte de poids à la cuisson. Le pain se gardait plus longtemps qu’aujourd’hui et avait « un bon goût que l’on ne retrouve plus maintenant », sauf peut être dans quelques boulangeries repérées par Mme Berteau, notamment du côté d’Etauliers.

La farine venait directement des moulins (Saujon et Ribérac). Pour avoir 80 kg de farine il faut 100 kg de blé. Différents pains sont fabriqués : complet, seigle, son pour ficelle, baguette, pain de 400g, petits pains (les chouanes). Pas de pâtisseries, mais des viennoiseries, quelques merveilles peu connues des loubésiens mais très appréciées par la suite.

À la vente également dans le magasin : pâtes (marque Corbeil), farines, bonbons, chocolat, gâteaux secs faits maison. Et le week-end : « troc » avec un pâtissier d’Ambarès : gâteaux contre dépôt de pain !

 

© Buvard – Étiquette de pâtes Corbeil

 

Avant 1978, le prix du pain n’est pas libre : c’est le syndicat des boulangers qui le fixait et un inspecteur était susceptible de venir contrôler. M. et Mme Berteau investissent progressivement dans différents équipements, comme par exemple une diviseuse pour pâtons. De 1975 à 1977, ils disposent d’un four à mazout qu’ils remplacent en 1977 par un four à vapeur. Mme Berteau nous fait remarquer l’importance d’un four à sole. La sole est la partie basse en pierre des chambres à cuisson qui transmet la chaleur et sur laquelle on dépose les produits à cuire.

En plus du couple, le personnel de la boulangerie se composait d’un ouvrier, parfois d’un apprenti pour la préparation du pain, d’une vendeuse et d’une porteuse pour la vente du pain à domicile. Mme Berteau reconnaît qu’ « embaucher à 5h du matin n’était pas très attractif pour les apprentis »…

Les débuts sont difficiles : pas de connaissances parmi les autres commerçants ni même la population : « Pour le portage il faut bien connaître les routes et les clients… » Changer de département, de ville ce n’est pas évident et cela demande un peu de temps d’acclimatation. Petit à petit les relations se tissent et deviennent cordiales entre les commerçants de la commune : la coopérative d’alimentation, le Petit Capucin, Super U, Sermo, le boucher, l’ébéniste M. Barraud, le restaurant le vieux logis, le marchand de tissu, l’épicerie Pratlong, la boucherie Zarros, la bijouterie Justin… La plupart de ces petits commerçants ont aujourd’hui été remplacés : il y avait un petit magasin d’alimentation formé de deux grands couloirs, avec une boucherie au fond, qui a « émigré » un peu en dehors du bourg pour ensuite devenir une grande enseigne (Carrefour Market).

L’ancienne pharmacie située sous les arceaux autour de la Mairie a servi de lieu de tournage pour un film de la série Section de Recherches (avec Xavier Deluc) il y a déjà quelques années, mais les fans l’ont certainement reconnu. Cette officine se trouve maintenant à côté de Carrefour Market. La poissonnerie à la devanture bleue est devenue une banque. On ne pouvait pas la manquer les jours de nettoyage, lorsque l’eau se répandait sur le trottoir… Ce poissonnier assurait également l’approvisionnement à domicile.

Grâce au personnel le couple peut profiter de 15 jours de congés en hiver et de 3 ou 4 semaines en été. Ce n’était d’ailleurs pas toujours simple d’assurer une permanence l’été entre les boulangeries du bourg. On voit l’importance du pain sur nos tables.

Un repas sans pain n’est pas un vrai repas !

Après plus de 20 ans de bons et loyaux services, en 1996, c’est la retraite et la vente du fonds de commerce à M. Sabourdy. Ce dernier exercera pendant 10 ans au même endroit puis déplacera son commerce plus au centre de l’avenue de la République (à côté du marchand de chaussures actuel). M.et Mme Berteau sont heureux d’avoir exercé cette profession et d’être venus s’installer à Saint-Loubès. Le métier de boulanger demande du courage, de la volonté et un savoir-faire particulier. Il faut également être à l’écoute de la clientèle. Ils en parlent avec beaucoup de simplicité et il faut le reconnaître, de passion !

Par Lili et Ermine