Confiance, accompagnement, construction : un service à l’écoute de la jeunesse
Le constat édifiant d’une jeunesse de plus en plus nombreuse à Saint-Loubès, ainsi qu’une recrudescence d’actes de vandalisme et à une volonté profonde de répondre à un besoin d’écoute et d’implication, vont engendrer 3 années de travail, de réflexion et de rencontre avec les familles seront nécessaires à la création de ce qui deviendra le service Jeunesse et Prévention de la commune.
Nous sommes en 2000 lorsque Bernard Duverne, alors adjoint à l’éducation et la délinquance, pose les bases d’une réflexion en faveur d’une action tournée vers les jeunes du territoire “Dans toutes les communes, on fait quelque chose ! Le dynamisme passe par la reconnaissance des jeunes. Il faut s’occuper d’eux !”. Les jeunes s’ennuient et se sentent livrés à eux-mêmes. Harrag Koutchouk, futur responsable du pôle, alors animateur multimédia, participe activement au développement de ce projet de service. Ensemble, ils mettent tout en œuvre pour répondre au mieux aux besoins recensés lors de leurs échanges avec les jeunes (et leurs parents) par le biais des associations locales (sportives, artistiques…) qu’ils sollicitent jour après jour “un peu comme du porte à porte ! ”.
La demande est réelle mais les infrastructures manquent : “On avait à l’époque un seul bureau partagé avec le policier municipal : difficile pour réunir des jeunes…”. Des salles sont alors mises à disposition par la Mairie avec “un lieu plus propice : le préfabriqué à côté de la caserne des Pompiers, composé de 5 pièces pouvant enfin tous nous accueillir !”. C’est fait, le service Jeunesse et Prévention prend officiellement forme en mars 2003. Il repose sur 4 volets : la prévention, l’insertion, la médiation et l’animation.
Au-delà de l’animation assurée par le service, parmi les premières actions mises en place, les Chantiers Éducatifs proposent aux jeunes de se retrouver collectivement et de s’impliquer pour leur commune en mettant leur temps au service de la rénovation des locaux municipaux. Citons “par exemple le local destiné aux gens du voyage qui a été entièrement repeint par les jeunes !”.
En 2005, avec le soutien du CLSPD (Conseil Local à la Scolarité et Prévention de la Délinquance) un service d’accompagnement à la scolarité pour les enfants à partir de 11 ans est mis en place plusieurs fois par semaine : “Très important, le choix de cette aide est réalisé en totale transparence entre parents et enfants. Il n’y a aucune soumission”.
Afin de pouvoir assurer les sorties et les voyages lors des vacances scolaires, des agents vacataires sont embauchés sur ces temps de grande activité. Cela permet d’emmener les jeunes à la plage, au ski ou de participer à diverses activités. Des partenaires de plus en plus nombreux accompagnent et subventionnent les projets portés par le service comme par exemple la CAF (Caisse des Allocations Familiales) ou le Département qui figurent comme les principaux financeurs.
Tout naturellement, le terme “Point Jeunes” fait son apparition au fur et à mesure du développement de nouveaux projets et prend progressivement sa place dans le langage courant. Ouverts à tous, ces projets ne concernent pas que les loisirs mais aussi la prévention santé, la scolarité, l’insertion ou encore l’action sociale. Un partenariat est donc rapidement instauré avec la MDSI. Parallèlement, des points réguliers sont organisés avec le collège afin de mutualiser les accompagnements.
Bien que de rares contestataires s’interrogent sur l’utilité d’un tel service, la fréquentation croissante des familles démontre qu’il faut agrandir le service et recruter une équipe de bénévoles ainsi qu’un nouvel animateur : “Le service a besoin de tous à temps complet pendant les périodes de vacances scolaires mais aussi chaque mercredi après-midi pour assurer les animations !”. 2011 marque ainsi l’arrivée de Serge Dufourg au sein du service.
Dans une volonté de rencontre et d’ouverture vers l’extérieur, des actions sont organisées avec la Communauté de Communes des Rives de la Laurence : “L’objectif était de faire se rencontrer les jeunes de tous les milieux”. Le service continue son expansion et rapidement, un troisième agent semble indispensable. Après une lutte acharnée face aux nombreuses démarches administratives, la persévérance d’Harrag paye et Florent Manon finit par rejoindre l’équipe en 2012.
À ce moment-là, on dénombre également 17 bénévoles actifs dans le service, recrutés notamment grâce à une campagne d’affichage sur la commune et au bouche-à-oreille. “Les bénévoles donnent de leur temps pour aider les jeunes collégiens à devenir autonomes dans leur travail scolaire. Ils sont toujours dans l’accompagnement, jamais dans le conflit”. Des formations d’encadrement et de méthodologie d’apprentissage leur sont proposées afin de donner une direction commune lors de l’accompagnement à la scolarité. “Les formateurs se déplaçaient au Point Jeunes et des bénévoles de tous horizons venaient y assister, depuis Arcachon pour certains !”.
Parmi les organismes formateurs, le Ceméa, l’IREPS, le Groupe Français d’éducation Nouvelle, la Fédération Gironde de la Ligue de l’enseignement et bien d’autres proposent d’aborder des sujets variés : prendre en compte l’estime de soi chez les adolescents, la relation d’aide et de tuteur, travailler avec les familles et accompagner la parentalité, comprendre les différentes typologies de mémoires…
Chaque année, en remerciement du temps passé auprès des enfants et de l’investissement fourni, le Conseil Municipal se déplace pour rendre visite au Point Jeunes, rencontrer les bénévoles et partager un repas avec eux. Les années passent et les anecdotes ne manquent pas, tantôt plus drôles, tantôt plus lourdes de sens : “Simon demande à venir nous voir le mercredi en plus du mardi et du jeudi pour l’aide aux devoirs : “C’est grâce à vous que j’arrive à quelque chose, sinon je serais complètement perdu et mes parents ne peuvent pas me rendre ce service” […]”. Cette gratitude est marquée par des liens sains et indispensables entre les familles et les intervenants : la confiance et l’autonomie sont mises à l’honneur et bien qu’il y ait parfois “quelques produits à déguster”, ils s’effacent bien souvent face aux bons moments partagés et aux bilans trimestriels plus que positifs !
2018 marque le départ d’Harrag vers de nouveaux projets . L’arrivée de Frédéric, tout droit venu de la région parisienne, permet de compléter l’équipe et de maintenir le service à trois agents. Serge prend la direction de la structure mais un événement inattendu va rapidement bouleverser l’organisation du service, de la commune…et de la planète entière : l’arrivée du Covid-19 et l’enchaînement de deux périodes de confinement successives. “Comme pour tout le monde, notre activité quotidienne a été impactée mais nous avons tout de suite mis en place du télétravail et de l’accompagnement en visio (CLAS, échanges divers…)”. Un accueil minimum est activé lors de la reprise progressive des services pour tous les jeunes fréquentant déjà la structure, et ce malgré une baisse significative de la fréquentation : “Il nous est arrivé de profiter de ces changements pour tisser des liens plus forts avec les jeunes, même si en sortie de confinement, les procédures mises en place étaient lourdes et ne simplifiaient pas le retour à la présence physique”.
4 ans plus tard, l’année 2022 marque l’arrivée de Mouna, nouvelle animatrice en remplacement de Frédéric, parti 1 an auparavant. Le changement ne s’arrête pas là puisqu’un tout nouveau bâtiment voit le jour : le service prend ainsi ses quartiers au sein du Pass’âge, 48 rue du Stade. Nouveau lieu, nouvelle équipe et nouveaux projets : le service se dote également de la labellisation Info Jeunes . Ouvert à toute personne âgée de 11 à 35 ans, quelle que soit sa situation, cet accueil inconditionnel (anonyme et confidentiel), sans rendez-vous, permet “d’explorer les possibles” et d’accompagner sur des questions liées à de nombreux sujets tels que la construction du parcours professionnel, la santé, le logement ou encore l’accès à ses droits.
De nombreuses générations de jeunes ont ainsi pu pousser la porte du service jeunesse et prévention au fil des années. Des liens forts de complicité et de confiance se sont tissés et quelle fierté lorsque nous revoyons “des jeunes qui reviennent des années après leur passage sur la structure…juste pour nous dire MERCI…”
Pour en savoir plus ou bénéficier des actions proposées par ce service : rendez-vous sur le site de la Mairie !